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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/441

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aimé Vélines pour venir quêter, jusque dans sa chambre, un peu de cette tendresse dont elle avait faim. Il la lui avait refusée. Cette réminiscence la glaça. Elle dit froidement adieu et s’en fut.

Le lendemain, comme elle avait dit étourdiment, au déjeuner : « Ah ! les bonnes fraises que nous mangions, l’été dernier, en Normandie ! » le soir, elle en vit servir, au dessert, de rouges et de frileuses, telles qu’on les vend à Paris en février, dans de petites capelines d’ouate. Elle qualifia cette dépense de folie, en femme sérieuse qui ne permet aucun gaspillage chez elle.

Quand, un autre jour, elle aperçut sa chambre pleine de roses, non point de celles qui courent les rues, mais de ces fleurs aristocratiques et féeriques qui, derrière les vitrines, ont l’air d’avoir été cueillies dans une planète de rêve, elle se fâcha doucement :

— Pourquoi ? disait-elle, pourquoi ?…

— Il y a aujourd’hui deux ans que, dans cette même chambre, je prenais le lit, expliqua-t-il ; rappelle-toi…

Elle se rappela, en effet. Elle fut profondément remuée et pensa :

« Il me traite en maîtresse inaccessible dont on n’achète la faveur qu’en se ruinant. Je vaux moins et plus… »