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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/443

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silhouette blanche et flexible de l’avocate. Fabrezan-Hastagnae, aussi à l’aise chez Dieu que devant les magistrats de la cour, était fort agité : de temps à autre, il tirait son mouchoir et deux ou trois notes claironnantes disaient alors son émotion. Il n’attendit même pas le défilé à la sacristie pour glisser à l’oreille de Blondel, son voisin, qu’on ne verrait plus désormais dans les couloirs cette exquise Pernette. Elle renonçait à tout pour n’être plus que l’humble compagne de Servais.

— Ah ! les femmes ! soupirait-il puissamment.

Et, son imagination méridionale l’emportant, les regards fixés sur le maître autel, comme s’il eut adressé un reproche au Seigneur lui-même, il murmurait :

— Elle avait un talent énorme !

À vrai dire, il ne l’avait sans doute jamais entendue plaider ; mais il était dans une disposition d’esprit à lui attribuer jusqu’à du génie, tant il trouvait touchante la preuve d’amour donnée par cette jeune fille à l’homme élu.

Cependant Blondel n’avait pu garder pour lui la confidence du confrère : elle courait maintenant les rangs des invités. Lorsque les groupes s’ébranlèrent et s’amincirent en un long serpent qui se coulait entre les chaises, vers la cérémonie des congratulations, la nouvelle, transmise de bouche en bouche, arriva jusqu’aux Vélines.