Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Alors, avec cette souplesse du dévouement féminin, capable de prendre toutes les formes pour être bienfaisant, elle commença de jouer très simplement son admirable comédie, et feignit l’écœurement de tout.

— Ah ! dit-elle avec une moue, j’en ai assez : encore un nouvel ennui !

Un mot câlin, presque oublié, revint aux lèvres du mari :

— Voyons, ma pauvre chérie, qu’y a-t-il ?

Ils firent ensemble quelques pas vers la porte :

— André ! demanda-t-elle, veux-tu me donner un conseil ?

Cet homme d’esprit n’était pas de ceux qu’une femme est impuissante à embobeliner ; bien que la prière eût de quoi l’étonner dans la bouche de sa fière Henriette, il répondit avec plus de satisfaction que de surprise :

— Mais ! bien volontiers, si je puis !…

— Où irions-nous bien pour causer ?

Aussitôt, par une association d’idées entre l’idylle de Louise et leur triste roman, elle songea à la silencieuse et fraîche galerie Saint-Louis, qui serait pour leur colloque un si commode asile. Elle y entraîna son mari.

C’était, dans le Palais, comme la chapelle gothique d’un vieux château, surabondamment coloriée d’ocre jaune et de bleu. Des vitraux enluminés n’y laissaient filtrer qu’un jour mystérieux à droite, tandis qu’à gauche, par d’immenses