Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/459

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Maintenant des avocats s’entrecroisaient en tous sens. Des messieurs mis négligemment, mais faisant tout de même figure, se rendaient clandestinement aux bureaux de l’Assistance judiciaire. Ils appartenaient à cette catégorie de gens aisés qui louent, pour trois mois, un logement de deux pièces au septième étage, et se font délivrer, par amitié, un certificat d’rndigence, afin de recourir gracieusement aux bienfaits de la Justice. Dans le mystère de leurs cabinets, les magistrats instructeurs recevaient la visite sinistre de leurs clients, tandis que dans l’aile attenante à la Préfecture de Police, à l’administration des Délégations judiciaires, — véritable portique secret par où affluent au Palais les affaires criminelles, — s’opérait le travail colossal de les trier, de les dégrossir, de les déterminer, de les offrir, toutes chaudes encore des manipulations policières, à la majesté des tribunaux.

Alors Vélines, l’hermine à l’épi toge, traversa le Palais, conduisant à la salle des assises madame Mansart, venue de Rouen pour la circonstance. Henriette avait déjà pris place dans le prétoire, entre madame Martinal et la jeune madame Servais. La grand’mère exultait ; mais son orgueil s’aviva quand, levant le face-à-main, elle parcourut des yeux l’assistance. Vélines lui nomma le peintre Sylvère et sa maîtresse, l’ex-madame Mauvert, l’ingénieur et madame Alembert, desquels on lui avait conté la touchante