Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/461

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indécente la jubilation vaniteuse que ne cachait pas la grand’mère d’André !… Mais ce qui les agita le plus, ce fut la manœuvre d’Henriette lorsque, quittant ses amies, et la serviette au bras, elle alla tranquillement, avec un petit air gentil et voulu de simplicité, s’installer auprès de son mari, afficher crânement aux)reux de ce grand public son rôle minime de secrétaire. Ni la mère ni l’aïeule ne dit un mot ; mais un sourire victorieux éclaira le visage citron aux bandeaux teints, tandis que les lèvres de madame Marcadieu s’amincirent et se rentrèrent, déclarant mieux le dépit de cette personne discrète que la plus vive parole ne l’eût fait.

On perçut un murmure venu de l’étroit corridor des témoins. Maître Blondel avait, par mégarde, laissé la porte ouverte : on pût contempler dans l’entrebâillement la large carrure de Fabrezan aux prises avec la maigre et chétive dame Gévigne. Apparemment, celle-ci demandait qu’on l’introduisît. Les municipaux ayant refusé de lui livrer passage, elle suppliait le vieil avocat, qu’elle avait saisi, toute frémissante, aux plis de sa vaste manche. La salle entière entendait son imploration dolente :

— Oh ! maître ! maître !

On aurait dit une néophite ardente s’accrochant au manteau d’un prophète. Fabrezan céda, après avoir beaucoup crié, et, pendant que la plaideuse se faufilait d’un pas de souris vers l’auditoire, il