Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/462

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s’avançait lourdement pour donner son coup d’œil à la salle. À ce moment, mademoiselle Angély apparut avec Jeanne de Louvrol et Marie Morvan. Toutes trois allèrent se joindre au groupe des avocates, installées sur les bancs des journalistes. Henriette, au premier signe de mademoiselle Angély, accourut.

— Voilà deux petites confrères qu’il faut sermonner, commença la vieille fille. Imaginez-vous ma chère Vélines, que mademoiselle Morvan a débuté avant-hier à la huitième chambre et qu’elle s’en est merveilleusement tirée. Quelqu’un l’a dit à Erambourg, qui me l’a rapporté : « Elle a de l’étoffe !… » Quant à mademoiselle de Louvrol, vous l’avez entendue vous-même, plusieurs fois, cette année. On lui reproche d’imiter votre manière : le beau dommage ! Qu’elle vous ressemble, tout ira bien… Et maintenant, une volte dans l’esprit de ces demoiselles : on ne veut plus plaider, on veut quitter le barreau, et savez-vous pourquoi ? savez-vous les arguments qu’on me présente ? « Ça ne sert à rien de faire son stage ! Regardez Louise Pernette : à peine mariée, la voilà qui renonce à tout et disparaît vivante dans le cabinet de son mari. Regardez madame Vélines : elle acquiert une réputation mondiale, elle se couvre de gloire, elle cumule avec un égal succès ses fonctions d’avocate et ses fonctions de nourrice, puis, un beau matin, crac ! on apprend qu’elle refuse des causes ; elle se fait