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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/463

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rare au Palais, et elle met de l’ostentation à aider maître Vélines dans une affaire où elle lui a manifestement servi de scribe, de copiste, de saute-ruisseau. »

— Oh ! oh ! mademoiselle Angély ! s’écrièrent les jeunes filles.

— Oui, ma chère ; elles ont dit cela. Elles ont ajouté : « À quoi bon se casser la tête, si on doit tout lâcher, un jour !… » J’ai protesté. Elles ont renchéri : « Demandez-lui, demandez-lui son avis ! » Alors j’obéis, et, devant elles, je viens vous poser carrément la question. Ma petite Vélines, approuvez-vous ces demoiselles, au point où elles en sont, d’abandonner la carrière ?

Henriette sourit :

— Mais non, mais pas du tout ! Je veux, au contraire, qu’elles piochent, qu’elles bûchent, je veux qu’elles plaident, je veux qu’elles se fassent connaître, qu’elles acquièrent une clientèle, qu’elles gagnent leur vie, enfin. Une femme doit toujours être capable de cela. Si, dans l’avenir, mariées aux hommes qu’elles auront choisis et qu’elles aimeront, elles s’effacent, à leur tour, et consentent à n’être plus que leurs auxiliaires, cette hypothèse-là concerne exclusivement l’être moral nouveau formé par le mariage Mais si elles sont aujourd’hui libres de tout engagement, livrées à elle-mèmes. qu’elles se créent donc la vraie indépendance, celle qui rend la femme vraiment digne, en lui donnant la conscience de n’avoir besoin de personne.