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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/464

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Elles n’en auront que plus de joie, le moment venu, à devenir l’associée de leur mari, la compagne de son esprit. Si elles désirent se refuser à l’amour, elles le peuvent, sûres d’être tout de même quelqu’un dans le monde ; et si le malheur voulait qu’elles se trompassent en aimant, eh bien. elles auraient en elles-mêmes de quoi se refaire une existence.

Madame Martinal, qui avait écouté jusque-là sans rien ajouter, intervint :

— Non, non, qu’elles ne s’arrêtent pas en si bonne voie ; qu’elles plaident, qu’elles fréquentent le Palais, qu’elles gagnent la pratique du métier, Dieu les garde des peines que j’ai eues ! Mais qu’aurai-je fait si, en perdant mon mari, j’avais perdu en même temps la possibilité de nourrir et élever mes trois petits ?… Puis il y a d’autres cas…

Et, désignant dans l’assistance une jeune femme pâle et délicate qu’elle avait amenée avec elle pour procurer une diversion à la sombre vie précaire de la délaissée, elle raconta l’histoire de madame Faustin, qui, grâce à la loi, végétait maintenant de la pension alimentaire arrachée à son mari.

— Jamais une jeune fille, conclut-elle, ne devrait être armée moins qu’un jeune homme en face des événements. Plus faible, n’a-t-elle pas besoin d’une plus forte défense personnelle ?

— Et c’est déjà un joli résultat, affirma Louise