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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/467

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impossible. Certains anciens comme Fabrezan, Lecellier, ne retenaient pas leur enthousiasme : des monosyllabes leur échappaient qui partaient dans le prétoire ainsi que des applaudissements étouffés. Monsieur Marcadieu, qui était un esprit fin et appréciait son gendre, caressait de sa belle main son visage pâle ; il éprouvait un très vif plaisir à envelopper du regard le brillant défenseur, tout le barreau attentif et l’assemblée frémissante. Il était homme, et la gloire du mari de sa fille lui semblait d’une qualité plus haute et plus solide que la gloire même de celle-ci. Cependant il n’en allait pas de même de madame Marcadieu, et le souvenir d’une certaine audience à la première du tribunal, où Henriette avait connu un succès analogue, l’empêchait de se délecter convenablement des louanges qui se murmuraient autour d’elle.

Pendant la délibération du jury, Vélines, à bout de forces, accompagna sa cliente pour lui donner un réconfort dont la dame n’avait nul besoin, assurée qu’elle était de l’heureuse issue de cette affaire. Elle n’avait jamais avoué, à moins qu’on ne pût nommer aveu le sourire équivoque dont elle accompagnait ses dénégations quand son avocat l’interrogeait. Ce fut avec le même sourire au coin de ses lèvres voluptueuses qu’elle le remercia en faisant baiser par lui ses doigts gantés ; après quoi Vélines, oppressé de cette angoisse qui guette tout défenseur au moment du