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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/468

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verdict, s’en fut en courant à la buvette, où il avala un sandwich et une coupe de Champagne.

Il remonta en toute hâte l’escalier casse-cou qui débouche près du bureau de poste Galerie des Prisonniers, galerie Lamoignon, il n’y avait plus personne : le Palais semblait mort. Par contraste, la salle d’assises, à la rentrée de Vélines lui parut assourdissante de vacarme. En l’absence des jurés, toute l’assistance était debout, chuchotait. À la vue de l’avocat, un long murmure naquit du fond de l’auditoire, s’enfla et mourut lentement, et ce murmure l’inonda d’un bien-être infini : il en concevait la signification. Des groupes de confrères l’arrêtèrent par trois fois, et il reçut en pleine face des épithètes dithyrambiques. Il ne s’y méprit pas, elles étaient sincères. Quand il se fut assis à son banc, sa femme s’approcha. Elle leva sur lui ses yeux charmants de douceur et de finesse et dit seulement :

— Mon chéri, je suis fière !

Alors il comprit soudain, avec netteté, qu’elle aurait pu savourer, à cette heure, les mêmes suavités, le même enivrement. Il la considéra longuement ; tous deux se sourirent ; mais, dans l’excitation de l’attente, Vélines atteignait aux limites extrêmes de la fatigue et de l’émotion. Une larme voila son regard Un trouble profond le possédait.

Quelques minutes après, l’acquittement était prononcé. Ce fut une lente, une silencieuse apo-