Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/469

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théose pour celui qui venait de manifester un aspect si nouveau de son génie. On jugea indécent le petit « merci » léger que madame Dalton-Fallay lui jeta du haut de son box en se retirant. À ce moment la salle frissonnante se haussait pour apercevoir le défenseur. Tout le barreau se pressait autour de lui et les exclamations de Fabrezan-Castagnac dominaient l’unisson des félicitations ferventes. Lecellier vint lui serrer la main pour consacrer officiellement cette nouvelle gloire de l’Ordre. Isabelle Géronce se fraya un passage jusqu’à lui pour lui tourner un compliment où tous ceux qui connaissaient la belle personne virent plus qu’une professionnelle congratulation. On chercha madame Surgères ; mais, dans un accès d’humeur, elle avait disparu. Les femmes du monde, qui emplissaient l’enceinte, tardaient à sortir, s’appuyant à la balustrade pour contempler encore le génial avocat. À ce moment, madame Mansart, enhardie par le départ des conseillers et n’y tenant plus, franchit la balustrade et pénétra dans le prétoire. Sous le lorgnon, ses yeux noirs étincelaient. L’orgueil la grandissait, et, toute cabrée, la tête en arrière, elle admirait le petit-fils adoré en qui se réalisaient tous ses rêves Et elle prenait à témoin tous ceux qui l’entouraient, madame Martinal et Lecellier, la petite madame Debreyne, dont les prunelles myopes et moqueuses clignaient malignement, Fabrezan, qui levait au ciel ses gros poings,