Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/51

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en se penchant vers sa fiancée avec cette douceur passionnée des hommes robustes pour l’amante qu’ils aiment faible et désarmée, vous ne seriez plus seule. Vous auriez un compagnon si fidèle, si épris, que tous verraient en vous, non plus la jeune femme un peu dépaysée dans ce monde masculin, mais celle à qui un homme s’est donné corps et âme Je vous protégerais, Henriette ; vous vous déchargeriez sur moi du poids trop lourd de vos travaux. Je veux que cette belle et rude existence de labeur, que vous avez choisie, ne vous soit que plaisir, grâce à moi ; je serais votre conseiller, votre ami, votre guide. Vous vous appuierez sur mon bras…

Au tribunal, le débit nasillard et précipité du jugement se poursuivait :

Attendu que la dame d’Estangelles, sommée par son mari de renoncer à la peinture, y persista opiniâtrement et continua d’exposer chaque année au Salon des Femmes Peintres ;

Que le mari, exaspéré et par cette résistance et par l’accueil que le public réservait aux toiles de sa femme, eut le tort grave, en l’absence de celle-ci, de détériorer plusieurs de ses œuvres sous prétexte de retouches, — 3e témoin ;

Attendu que, cette jalousie du sieur d’Estangelles ayant détruit tout autre sentiment, sa femme…

— Que tout ce que vous me dites est neuf pour moi ! reprenait la jolie Henriette, extasiée.