Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/53

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disparaître, en quelque sorte, dans la personnalité de son mari ?

André Vélines sourit ; il la regardait complaisamment. Il trouvait amusante, en cette petite fille. raisonnable, cette vanité féminine. Il y voyait une trace laissée par les idées nouvelles dans ce jeune esprit si pondéré. Il l’aimait ainsi, avec son intelligence délicate, sa science réelle, sa supériorité, sa simplicité, et les multiples mouvements de son âme vibrante.

— À dire vrai, prononçait avec lenteur Henriette, je n’ai encore pour vous qu’une sympathie très vive… Oh ! très vive, par exemple !… Ce qui m’engage à croire que je vous aimerai un jour Vélines, c’est la facilité avec laquelle j’entrevois, dès à présent, la perte de mon nom… Oui, je crois que j’éprouverai à cela une joie… Je ne serai plus mademoiselle Marcadieu, la jeune mademoiselle Marcadieu qui commençait à devenir quelqu’un parmi les stagiaires ; mon pauvre brin de célébrité sera fauché. Eh bien, tant mieux ! Ce sacrifice sera ma petite part dans l’apport commun.

Elle riait. Il y avait en elle la liberté de langage, la crânerie des lycéennes ; il y avait surtout la religion du renoncement, la bonté, la tendresse ; et enfin le tact et l’onction aristocratique dont la naissance et l’éducation l’avaient dotée. Tous ces éléments divers avaient fait d’Henriette le jeune être complexe et charmant que le grand