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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/62

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à son beau titre de « présidente ». L’idée qu’Henriette passât son baccalauréat l’avait séduite. On avait, à l’époque, beaucoup parlé de cet examen dans la magistrature, et avec une discrète et admirative approbation pour cette mère si distinguée, si éclairée, qui dotait sa fille de tous les avantages que la société moderne accorde aux femmes. Mais quand elle vit cette jeune émancipée s’évader de tous les usages dont elle-même s’était faite la prisonnière, il lui sembla qu’un grand déshonneur allait fondre sur sa maison.

— Exercer une profession, disait-elle atterrée, travailler !… pourquoi ne pas te faire aussi bien institutrice et donner des leçons ?

Henriette répondit, pensant tout haut :

— Comme c’est étrange ! le désœuvrement est encore, de nos jours, une noblesse, et l’aristocratie de ceux qui produisent n’a pas encore établi sa supériorité sur celle des inutiles !

— Pour ce qui est de l’homme, si, répondit madame Marcadieu, mais la femme !…

Henriette, indignée, s’écria :

— Mais, maman, le travail honore la femme autant que l’homme !

Madame Marcadieu soupçonnait bien qu’il existait d’autres arguments capables d’émouvoir Henriette plus que le qu’en-dira-t-on, mais elle ne se sentait pas de taille à les trouver ; elle dit :

— Appelons ton père !

Le président travaillait dans la pièce voisine :