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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/66

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Henriette pour l’homme qui s’éprendrait de son cerveau comme de son corps charmant…

Le premier, il avait cédé : Henriette se mit à sortir seule et fit son droit. La bonne Angély continuait à travailler cette tendre nature, à y verser la griserie humanitaire. Mais alors la régularité du labeur aussi bien qu’un sens pratique précocement développé chez la jeune fille, modéra peu à peu les exagérations d’autrefois. Elle se mûrit. Elle en vint à moins souhaiter de ressembler à un homme. Elle se prit à choisir, comme délassement, des travaux d’aiguille. Elle trouvait à se parer un plaisir extrême, et, d’un bout de soie et de dentelle, se confectionnait elle-même des blouses légères, commodes et coquettes qui, à l’École de Droit, faisaient dire d’elle aux garçons : « Quel amour de petite femme ! »

Quatre ou cinq fois la semaine, elle gravissait la rue Soufflot, alerte, pensive, la serviette sous le bras. La colonnade du Panthéon pressait de sa ronde aérienne les bases de la grande coupole blanche : Henriette y trouvait des réminiscences de ses amours pour la Grèce ; le dôme se découpant sur le bleu du ciel reposait ses yeux las de lire. Des camarades la saluaient sur le trottoir ; quelques-uns s’attardaient à feuilleter de vieux ouvrages aux tranches déchiquetées, sur l’étal des bouquinistes. Le long de la chaussée rebondie. et spacieuse, des automobiles roulaient, des bicyclettes, des camions chargés de fer. Et la