Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/70

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vous avez de quoi, en votre rôle spécial, occuper suffisamment votre temps.

Alors Henriette citait l’exemple de madame Martinal. Que fût-il advenu de cette jeune veuve, si elle n’avait point possédé ce gagne-pain qu’était son titre d’avocate ? Même une fille riche peut-elle répondre de sa fortune ? Ce mari qu’on lui prône tant sans le connaître, ne dilapidera-t-il pas sa dot ? Puis il y a des revers imprévus, qui ne sont point chose si rare ; et n’est-ce pas pitié de voir en pareil cas une femme impuissante, sans moyens, pauvre être dépourvu, privé d’indépendance, de vie personnelle, tomber au rôle de dame de compagnie ou de parente pauvre, quand elle ne devient pas la proie de l’homme ?… Sans aller chercher si loin, la femme court toujours le risque d’un mariage malheureux : si l’inconduite. de celui qu’elle épouse doit la contraindre à la séparation, avec charge d’enfants, quelle honte pour elle de devoir mendier à cet homme indigne la pension alimentaire que la loi lui alloue ! Et ne se grandirait-elle pas aux yeux de tous, la femme fière qui, dans son infortune conjugale, pourrait dédaigner l’argent de celui qui l’abandonne, quitte à peiner seule dans une carrière masculine ?

Et le président Marcadieu ne savait qu’objecter.

Henriette prêta serment à la première de la Cour, un beau midi de novembre où le soleil