Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/71

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envahissait à flots la salle aux lambris clairs. Les dorures du plafond étincelaient Une foule emplissait les bancs. Tout l’Ordre était là lorsque entra la blonde professe. Elle ne prenait point l’habit sans émotion Dès le matin, un coiffeur était venu rue de Grenelle lui arranger les cheveux, et le chignon, sous sa toque, était celui d’une petite Thémis romaine, pudique et grave. Les plis de la longue robe ralentissaient son pas. Elle se confondait dans la masse d’une dizaine d’autres stagiaires. Le premier président, petit vieillard sec au visage de cire flétrie, prononça derrière le tribunal les paroles d’usage. Mademoiselle Angély, la belle Isabelle Géronce, madame Clémentin et la timide Martinal, toutes en robe de ville, se dissimulaient dans l’assistance ; la cérémonie se déroulait devant le prétoire ; on entendit un bourdonnement confus, qui était le serment des stagiaires. Soudain une frêle voix retentit, une main se leva, blanche et potelée… Henriette était avocate.

On lui aménagea une chambre en cabinet de travail, dans l’appartement de la rue de Grenelle. Et son existence nouvelle commença. Elle se levait assez tôt, étudiait, chaque matin, deux heures, cette jurisprudence dont elle voulait faire l’arme principale de ses plaidoiries. À onze heures et demie, après un déjeuner rapide, on la voyait prendre à pied, avec son père, le chemin du Palais M. Marcadieu, maigre et alerte,