Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/77

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contraction arrêtait le sang de ses artères. Ternisien avait, il est vrai, cinquante ans ; mais c’était en pleine jeunesse que Vélines aurait voulu goûter de tels succès ! Et il s’acharnait davantage sur ses dossiers, persuadé que, parmi toutes les routes qui mènent à la gloire, le travail n’est pas seulement la plus noble, mais la plus sûre.

Quand, le jour du divorce Estangelles, à la première chambre du tribunal, André Vélines avait avoué son amour à Henriette, celle-ci était mûre pour toutes les tendresses. Sans le savoir, ou plutôt se défendant pareille faiblesse, elle s’était attachée à ce jeune homme énigmatique, si discrètement occupé d’elle ; elle comptait sur lui, vaguement, sans même se demander pour quelle circonstance, à quelle occasion.

L’accord des familles devait être aussi aisé que celui des jeunes gens. La nouvelle courut bientôt le Palais que mademoiselle Marcadieu épousait André Vélines.

Ce fut un beau prélude à l’union que les fiançailles de ces deux êtres dignes l’un de l’autre, de qui l’on pouvait dire que leurs cerveaux étaient devenus amoureux avant leurs cœurs. Cet austère garçon au front obstiné dans son désir d’arriver, aimait pour la première fois. Deux ans auparavant, quand il avait remarqué au Palais cette jolie fille, si séduisante, l’idée de s’allier à la haute magistrature n’avait pas été pour rien dans sa