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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/78

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résolution d’épouser mademoiselle Marcadieu. Mais aujourd’hui la passion souveraine était survenue qui l’eût fait se marier d’enthousiasme, Henriette eût-elle été pauvre, sans famille, dénuée de tout. Et il y avait tous les soirs, dans le grand salon aux tentures espagnoles, des colloques mystérieux, des échanges de promesses ardentes, l’attente fiévreuse des félicités de l’avenir.


Une semaine avant son mariage, Henriette, qui n’avait pas voulu, même dans cette période si agitée de sa vie privée, renoncer aux travaux de sa vie publique, corrigeait le plan d’une plaidoirie qu’elle devait prononcer le lendemain. Son cabinet de consultation était étroit, bien ordonné, sans luxe, meublé de cartonniers commodes, où elle classait méthodiquement ses dossiers, en petite personne tranquille qui ne perd point la tête parmi l’imbroglio de tant d’affaires. Elle était une avocate assez occupée L’œuvre des Déshérités lui fournissait plus de clients qu’elle n’en pouvait défendre. Un vieil ami de son père, par bienveillance pour sa fraîche jeunesse, lui avait confié au civil un de ses procès de propriétaire. Souvent des filles-mères venaient la consulter dans l’espoir de faire reconnaitre leur enfant. Sa gentillesse plaisait à tout le monde.