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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/79

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Elle si juvénile, si pure, recevait des confessions troubles de femmes ayant vécu dans le vice. Ou bien elle pâlissait des semaines entières sur l’étude d’une affaire de chapeau, de manteau, de corset…

Mais ce soir-là, un soir glacial de la fin de janvier, sa femme de chambre venait d’allumer la lampe, quand elles entendirent parlementer assez longuement dans le vestibule. Henriette crut reconnaître une voix amie ; cependant, tout le monde savait qu’à ses heures de consultation elle était absente pour les plus intimes. Était-ce donc quelque indiscrète ?…

Et, comme elle prêtait l’oreille, la porte s’ouvrit brusquement ; une grande jeune femme en noir entra, s’avança, vint l’embrasser et prit, sans rien dire, le fauteuil voisin du bureau.

Interdite, Henriette demeurée debout, s’inquiéta :

— Qu’avez-vous, ma pauvre Suzanne !

Mais Suzanne Marty, l’épouse divorcée de l’ingénieur Alembert, ne répondait pas, et ce qu’elle avait, Henriette, depuis longtemps avertie du procès dont la malheureuse jeune femme était menacée, ne le devinait que trop. Elle répétait pourtant :

— Qu’est-il arrivé ?… qu’avez-vous appris ?…

Et la dame en noir, la voilette baissée, ne proférait pas une syllabe. La lampe ne l’éclairait qu’à demi. Une longue jaquette de fourrure enveloppait sa taille, ses hanches élégantes ; ses mains