Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/80

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gantées se nouaient sur ses genoux, et ses yeux très grands, très beaux, avaient une expression si désolée que nulle parole n’eut mieux traduit leur tristesse.

Henriette s’apitoya. Elle lui saisit les mains :

— Chère amie, vous avez eu quelque mauvaise nouvelle… Vous êtes venue me trouver… Je puis vous être utile ?

Madame Marty fit oui de la tête.

— Monsieur Alembert vous a écrit ?

La jeune femme prononça enfin :

— Non, pas lui, son avoué…

Et, au bout d’un instant, elle ajouta, d’une voix sans timbre :

— Il veut reprendre son fils.

— Ah ! dit Henriette qui revint s’asseoir à sa table de travail, en esquissant de la main un geste de découragement ; cela devait être un jour ou l’autre, ma pauvre amie !

Madame Marty, reprit la gorge serrée.

— Vous serez bientôt mariée, Henriette ; vous aurez des enfants ; vous comprendrez alors… Mon chéri, si sage, si raisonnable pour ses onze ans ! Je n’avais plus que lui, c’était mon petit ami, mon compagnon, ma joie unique. Ses câlineries me consolaient de tout… Henriette, je vous le jure, ce n’est pas un enfant ordinaire. Son cœur a vingt ans : il ne sait rien, il devine tout… Et on va me le prendre ! Je ne l’aurai plus, je serai toute seule…