Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/84

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chambre j’y étais, mêlée au public, et vous ne m’avez pas aperçue. Vous n’avez pas innocenté le gamin coupable, dont vous analysiez si tendrement la conscience, mais j’ai vu le sourire du président qui vous écoutait, charmé. Vous êtes encore une petite fille qui s’ignore, et cela n’empêche que vous avez un grand talent, Henriette, un talent surprenant, qui ne ressemble à celui d’aucun autre ; vous avez des idées profondes, mûres, viriles, et vous les dites avec votre grâce simple. Quand vous plaiderez pour qu’on me laisse mon petit chéri, vous ne ferez pas de littérature comme ces avocats fameux qui simulent l’émotion à la façon d’un acteur jouant son rôle, mais toute votre âme vibrera, et tous vos instincts de femme serviront ma requête.

Henriette ne se laissait pas griser à cette révélation de son pouvoir inconnu. Elle riposta :

— Vous savez qui défend votre mari, Suzanne ?

— Je pense que c’est Fabrezan, comme au procès de divorce.

— Eh bien ?…

— Eh bien ?…

— Moi, petite stagiaire obscure, je serais l’adversaire du bâtonnier.

— Vous aurez sur le bâtonnier Fabrezan la supériorité de votre féminité ; sur les roueries du bonhomme, celle de votre naturel et de