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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/95

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rassait les pieds dans des cordes et des échelles. Mais ce désordre ne gâtait pas le charme de ces pièces aux boiseries blanches, aux trumeaux ornés de glaces un peu ternies, où le goût sévère d’André n’avait pas laissé pénétrer un bibelot qui mit une note discordante dans l’harmonie des choses.

C’était d’abord, donnant sur la place Dauphine, une enfilade de quatre salons, dont deux avaient été convertis en cabinets de travail pour les deux avocats époux ; et le dernier, minuscule, aux panneaux à médaillons, au plafond peint, d’où fleurissait un lustre de cristal à pendeloques taillées et sonnantes, était si clair, avec son immense fenêtre, qu’Henriette se l’était réservé pour recevoir ses amis, disant qu’elle fréquenterait peu de monde et qu’elle abandonnerait le grand aux clients comme salon d’attente. L’appartement faisait le tour d’une cour humide où poussaient un peu d’herbe et un unique platane, jardin discret, étouffé, poétique. Et l’on se rendait aux pièces de derrière par un long vestibule qui tenait tout le côté ouest de la maison. L’été, il recevait du platane atrophié une lueur verte. André Vélines y avait accroché aux murs sa collection de vieilles estampes. Au fond, trois chambres ouvraient sur la cour. Celle du jeune ménage, au milieu, possédait une fenêtre à encorbellement ; une balustrade de fer forgé, que ievêtait une rouille légère, entourait l’étroit bal-