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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/104

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bouquets de roses dans des vases de cristal, la garnissaient. Nelly Darche fit asseoir le jeune homme en face d’elle, et Marcelle à ses côtés. Pendant un long silence les artistes s’entre-regardèrent en s’adressant de petits sourires. Enfin on s’attaqua aux fruits confits.

Marcelle demeurait perplexe. Elle comprenait très bien qu’il y avait là une histoire d’amour. Mais alors, le médecin d’autrefois, celui qu’elle avait surnommé, au grand bonheur de sa mère, le demi-mari de mademoiselle Darche, que devenait-il en tout cela ?

Comme elle paraissait absorbée dans la délectation, le petit peintre, allongeant le bras insidieusement, piqua à la dérobée, dans l’assiette de mademoiselle Darche, une cerise rouge à demi croquée qui venait de tomber des lèvres de la jeune femme, et il s’en régala, lançant à celle-ci des regards malicieux. Mais il se trompait bien s’il se figurait que Marcelle n’avait rien vu. Elle n’avait rien perdu de cet enfantillage amoureux qui la choqua comme une inconvenance. Elle était indignée contre Nelly ; c’était une grosse colère d’enfant scandalisée qui lui serrait la gorge, l’empêchait de boire, la rendait muette et farouche. Les deux amants ne s’en doutaient même pas ; et c’était bien ce qui l’oppressait encore davantage.

Dès cinq heures, elle demanda qu’on la reconduisît chez elle.