Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/117

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fierté. La poitrine large de Blanche Arnaud avait fait craquer sous les bras la blouse blanche, maculée de vermillon et de bleu de cobalt ; elle s’excusait, s’empressait à chercher des sièges ; et miss Spring :

— Oh ! dear ! monsieur et madame Houchemagne ! Mais cette fois bien mariés, hein ? je ne fais pas une faute comme j’avais fait, hein ?

— Oh ! oui, bien mariés, disait Jeanne qui lui serrait les mains en souriant à sa laideur où les yeux délicieux, au bleu flétri, mettaient un si grand charme ; et c’est vous, miss Spring, qui nous avez mariés la première !

Et pendant que Blanche Arnaud allumait un réchaud derrière le paravent, pour faire du thé, il fallut que l’Anglaise allât chercher le petit tableau d’intérieur qui était toujours dans un coin de l’atelier, invendu, pour que les jeunes gens revissent cette chambre mystérieuse dont l’artiste, on ne savait comment, avait fait un poème. Et comme ils s’extasiaient de nouveau, elle dit :

— Permettez-moi, chère madame Houchemagne, vous faire un petit présent avec cette toile. Oh ! je serais si heureuse ! Ils étaient si pareils à vous, les deux amants que j’imaginais-là !

Il fallut accepter. Jeanne en était émue à pleurer. Après, pendant que l’eau chantait dans la bouilloire, Nicolas ayant demandé à voir les œuvres nouvelles des deux artistes, on prit la