Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/122

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Lui, décidément, avait trouvé sa voie dans les études d’animaux ; et, pour le prochain Salon, il allait maintenant chaque après-midi au jardin des Plantes prendre des croquis d’antilopes. Il rêvait la nuit des jolies bêtes dont il avait, le jour durant, analysé l’anatomie ; il en parlait comme d’une bande de petites danseuses dont il se serait épris ; il imitait de la main les mouvements gracieux de leurs pattes de fuseau, de leur col, de leurs oreilles nerveuses. Il n’y eut bientôt pour lui, dans l’univers créé, que des antilopes. D’ailleurs, Jenny et lui traversaient des jours tranquillisés, grâce aux Houchemagne qui avaient, de la meilleure grâce du monde, éteint leurs dettes. Même Jeanne voulait faire promettre à la petite Fontœuvre de ne plus désormais jamais attendre les inquiétudes pécuniaires pour lui confier l’état de sa bourse. Mais fièrement Jenny s’était récriée : Non, non ; c’était bon une fois. Ils ne voulaient vivre aux crochets de personne ; elle ferait de la retouche photographique, n’importe quoi, plutôt que de devenir une charge pour un autre ménage. Marcelle, à force de scènes, avait obtenu de délaisser le cours et d’accompagner sa mère pendant toute cette période au pavillon de la rue Visconti. Mais un jour madame Fontœuvre, qui avait l’habitude de la consulter comme une petite femme, l’ayant appelée pour lui demander son goût sur une étoffe de tenture, Nicolas laissa échapper cette phrase :