Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/125

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— Pourquoi ne nous fait-on pas faire notre première communion ? demandait Marcelle ; sais-tu, toi ? Au cours, toutes les petites filles la font. Pourquoi pas nous ?

— Parce que ce sont des bêtises, disait François.

— Alors, la Sainte Vierge n’a jamais existé ?

Marcelle voyait au magasin d’antiquités des Dodelaud des vierges antiques, sculptées au Moyen âge par des artistes pieux. Elle restait tourmentée, perplexe, mordue par la faim humaine et indestructible du culte, devant ces images charmantes.

— Non, la Sainte Vierge n’a jamais existé, répondait François, avec assurance.

Quand le soir venait, que leurs parents faisaient des visites ou lisaient au coin du feu, ils se collaient le nez au vitrage pour voir le large pan de ciel noir que découpait le rectangle de la cour. Le clair de lune était leur bonheur. Marcelle commençait à ressentir des besoins de rêveries, des coups d’exaltation sans cause. Elle disait à François :

— Tu ne sais pas, il me semble que la lune est vivante.

— Quelle idée ! faisait le petit garçon en haussant les épaules.

— Si c’était vrai qu’elle vive, qu’elle me regarde en ce moment, il me semble que je l’aimerais bien.

— Tu es folle ! repartait son frère.