Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/126

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Mais le soir, quand le rayon de lune entrait par la fenêtre dans l’étroit cabinet où elle couchait, et venait s’étaler sur son lit, elle ouvrait les yeux tout grands, à demi aveuglée de lumière, pour le recevoir. Même, un jour où elle s’était mise en colère au point de battre la malheureuse Brigitte, elle eut une telle honte quand la lune entra, et qu’elle se crut regardée par l’astre, quelle baissa le rideau rageusement.

Elle n’était plus retournée chez Nelly Darche, entêtée dans la résolution qu’elle avait une fois prise. Mais l’artiste était venue la chercher plusieurs fois pour des promenades, et Marcelle n’avait pas osé refuser de la suivre. D’ailleurs, elle oubliait peu à peu le petit peintre, et, pour ses étrennes, mademoiselle Darche lui ayant fait cadeau d’un chapeau magnifique, elles étaient redevenues bonnes amies.

Un soir qu’elle rentrait d’une de ces courses, ses parents n’étant pas à la maison, fatiguée elle s’étendit en petite fille gâtée sur le divan de l’atelier, au fond, près des colonnes. Peu après, les Houchemagne arrivèrent. Brigitte les introduisit dans la grande pièce et leur donna une lampe qu’elle posa sur la cheminée, en leur disant que madame Fontœuvre ne tarderait pas dix minutes à revenir. Cette petite lampe n’éclairait pas la moitié de l’atelier : tout le fond restait obscur, et Marcelle invisible sur son canapé.

D’abord Jeanne et Nicolas gardèrent le silence.