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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/127

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Puis il y eut quelques mots indifférents échangés à voix si basse, que Marcelle pouvait à peine les entendre.

— Tu n’es pas fatiguée, Jeanne.

— Non, merci.

Et comme ils se trouvaient directement sous la lueur de la lampe, Marcelle put observer le long sourire affectueux qu’ils échangeaient, un sourire contemplatif qui se prolongeait, qui ne se lassait pas. C’était l’époque où ils venaient de s’installer dans le pavillon de la rue Visconti, au milieu du désordre des meubles déposés là en vrac par les magasins. L’aménagement traînait en longueur. Nicolas avait pris possession de son atelier et commençait à y travailler. Jeanne, indolente et rêveuse, errait de pièce en pièce, négligeait de faire venir les ouvriers, essayait de porter elle-même des fauteuils trop lourds pour ses bras, faisait, des heures entières, de la musique, lisait, remontait à l’atelier pour voir travailler Nicolas. Là, ils s’attardaient à causer. À peine arrivait-elle chaque jour à disposer quelques bibelots dans les chambres. Mais elle disait qu’elle en viendrait à bout : elle demandait qu’on lui accordât un crédit de quelques semaines. Grand Dieu ! n’avait-on pas mieux à faire de sa vie, que de ranger des objets dans une maison !

Soudain, Marcelle vit Nicolas quitter sa place pour aller prendre sur le guéridon cette photographie de Jeanne, ancienne maintenant, qui