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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/134

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— Père, vous voyez bien cette grosse dame à cheveux courts, c’est une femme peintre ; et cette autre plus jeune, père, si simple de mise, Nicolas l’apprécie beaucoup…

Le vieux hochait la tête d’un air digne. Il se surveillait pour parler peu ; d’ailleurs, il était béat, transporté tout vivant dans un paradis anticipé, jouissant de cette belle maison qui était celle de son enfant, de cette angélique jeune femme, pareille à une princesse de contes de fées, qui était la femme de son enfant, de cette considération que tout ce monde parisien portait à son enfant. C’était comme la récompense de toute une vie laborieuse et probe, qui ne l’étonnait pas trop, car il la trouvait juste, mais qu’il savait apprécier. La seule chose qui lui manquât était que ses voisins et parents, les cultivateurs de Triel, de Vaux ou de Chanteloup, ou même les bourgeois du pays, le vissent assis là, dans ce salon délicat, avec sa bru à ses côtés, vêtue d’une si belle robe, et qui l’appelait Père d’une voix si tendre et si fine. Jeanne y mettait en effet une intention touchante. Et elle avait envie d’embrasser le bonhomme quand elle pensait que ces grands bras musclés avaient porté et bercé Nicolas tout petit, qu’ils avaient peiné vingt ans dans les vignes pour le nourrir, l’élever, l’entretenir à Paris, jeune homme…

Et madame Trousseline songeait à son beau-frère, M. de Cléden, si hautain, si fier de sa race,