Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/135

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dont la noblesse remontait au xiiie siècle, dont les ancêtres avaient frayé avec les rois, qui portait en lui tous les signes du chef dont le seul effort fut de commander. Et elle qui avait tant vécu, qui avait vu tant de fois la mort à son foyer et qui connaissait le néant des vanités humaines, se disait, émue :

— Chère petite Jeanne ! chère petite Jeanne !

Cependant Hélène, petite brune maigriote, au plein de l’âge ingrat, infiniment moins jolie que Marcelle, mais plus vivante, ayant demandé à cousine Jeanne qu’on visitât le pavillon tout entier, Nicolas emmena la bande vers le premier étage. Dans l’escalier, dix-huit personnes parlaient à la fois, s’émerveillant, se récriant. Oh ! ces vieilles marches de pierre ! Oh ! cette rampe de fer forgé ! Et cet œil-de-bœuf encadré de lierre !… Mais la voix aiguë et britannique de miss Spring se faisait entendre par-dessus tout le concert :

— Oh ! dear ! je ferai un tableau, véritablement, avec cet escalier tout nu. Et quelqu’un viendra d’en descendre les degrés : une femme, partie pour toujours. On ne la verra pas, mais je veux que le public ait le cœur si serré en regardant cet escalier vide !

Déjà Addeghem était au palier où il tonitruait ;

— Saluons, mes enfants, voici le sanctuaire du génie !

Puis, plus intimement, pendant que les dames