Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/136

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allaient soulever la guipure des rideaux pour se rendre compte de la vue qu’on avait sur le jardin :

— Ah ! mon petit Houchemagne, je suis content de voir cela avant de m’en aller un grand talent, un grand amour, un grand bonheur, et votre gloire qui va croître comme une fleur magnifique grâce à ce triple élément !…

— Bah ! dit Nicolas en riant de son bon rire puéril, tout cet arrangement, cette coquetterie des choses, c’est pour Jeanne. Pour moi, vous savez ce qu’il me faut : deux chaises de bois blanc, une table à tréteaux et un chevalet.

Mais aussitôt, comme s’il avait craint de déprécier ce que sa femme avait apporté dans sa vie, de paraître ingrat :

— Ne croyez pas cependant que je boude au bien-être, à la sécurité que je dois à Jeanne. Tout cela servira mon art, et je me sens une liberté extraordinaire pour travailler, aujourd’hui que je n’ai à regarder ni au temps, ni aux dépenses de modèles, ni aux dimensions des toiles. J’ai l’esprit tranquille, le cœur satisfait, sans compter la vision constante de la beauté de ma femme, qui me rappelle sans cesse aux règles de l’esthétique immortelle.

— Et que faites-vous maintenant ? interrogea le critique.

À cette question, Vaupalier et Nelly Darche se rapprochèrent ardemment, les yeux braqués sur les lèvres d’Houchemagne. Les premiers tableaux