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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/140

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Elle expliquait ainsi Houchemagne avec tant de suavité, de respect, qu’un peu fâchés d’abord, ses hôtes, qu’en causant elle reconduisait dans la salle à manger, se rendaient peu à peu à sa grâce persuasive. En effet, Houchemagne était ainsi. Une originalité de plus, pensait-on.

La nuit était venue. On s’attabla, non sans quelque tumulte. Ce fut Jeanne qui prit d’abord la parole. Elle était très intimidée. C’était la première fois qu’elle recevait, et elle n’était rien moins que maîtresse de maison, incapable de commander à une cuisinière, d’organiser même un savant repas ; aussi réclamait-elle l’indulgence de ces bons amis. Pour Nicolas, la belle ordonnance du dîner l’inquiétait peu avec une confiance puérile en tous ceux qui étaient là, il traversait un moment de joie radieuse à se voir entouré de tant de sympathies, et bavardait de mille choses insignifiantes. Puis, comme on le félicitait encore sur les charmes de sa maison, il dit que c’était à Nugues que devaient aller tous les compliments. Alors Juliette Angeloup fit rire tout le monde en lançant à ce dernier :

— Quand je me marierai, mon garçon, je vous chargerai de trouver l’appartement.

C’était fini ; elle ne pouvait plus peindre. L’an passé, une attaque de rhumatisme l’avait saisie aux mains. Impossible de remuer même deux doigts. Et elle montrait à Jenny la déformation de ses phalanges tordues.