Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/143

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des mouvements, autopsier les formes ; mais tout cela n’est que le métier, soubassement de l’art. Après tout, peut-être notre différend ne porte-t-il que sur une mauvaise entente des mots. L’art, à mon sens, commence là où il s’arrête pour vous. Alors que vous n’envisagez que la formation de l’artiste, l’acquisition du métier, je place, moi, l’art juste à partir de ce point où le métier est acquis et n’a plus qu’à se mettre au service de l’Idée. L’art est inaccessible et sacré, comme les anciens l’avaient bien compris. Ce sont des prêtres qui doivent l’exercer. Je veux dire que c’est un sacerdoce. Sa fonction est immense dans la vie sociale où il n’est pas un divertissement, mais un enseignement. C’est aux artistes en effet qu’il appartient d’imprimer une direction aux esprits. Ce sont des conducteurs d’hommes. Ils orientent les pensées du peuple par la suggestion de leurs œuvres. Aussi on ne sera vraiment artiste qu’à la condition d’aller chercher ses sources dans ce qu’il y a de plus grand, de plus pur, de plus capable d’émouvoir. C’est pour cela qu’il n’y a eu d’art véritable que dans les époques de Foi, sous l’influence de l’inspiration religieuse. Le mysticisme et l’art sont de même essence. Tous deux nous sortent de la vie apparente pour nous élever à une vie plus intime et plus heureuse, celle de l’enthousiasme, de la joie divine.

Tous les regards étaient sur lui ; il ne convainquait pas tout le monde, mais ces Parisiens