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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/155

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autre espèce que les grandes personnes. Le petit garçon venait de se révéler un homme. Au fond, le père en était fier, et ce sentiment couvrait la blessure de son amour-propre. Nous avons fait du chemin depuis que les Romains avaient droit de vie et de mort sur leur progéniture. On ne gifle pas un enfant intelligent ; Fontœuvre s’était mis dans son tort tout à l’heure. Et son excitation passée :

— Ah ! vraiment, tes camarades disent cela de moi ? Eh bien ! mon petit, raison de plus pour faire en sorte qu’un jour les camarades de tes fils n’en pensent pas autant de toi.

Maintenant ils riaient tous les deux ; l’escarmouche se terminait sans violences, le père et le fils, oubliant tout grief, demeurant meilleurs camarades que jamais. En se quittant ils s’embrassèrent. Pierre Fontœuvre fut très heureux de la manière dont il avait conduit ce petit différend ; il le conta le soir à sa femme.

— Vois donc, lui disait-il, combien les choses se seraient sottement envenimées, si j’avais employé les stupides procédés d’éducation de nos parents. Une inimitié en serait née entre mon fils et moi. Tandis que maintenant, j’ai tout l’avantage : François est au regret de m’avoir peiné. Je suis sûr que désormais il va mordre au travail. Au demeurant, François perdit encore trois places aux compositions suivantes ; mais c’était le moment du Salon, et les Fontœuvre n’en surent rien, ayant complètement oublié de décacheter le