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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/157

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— Cher maître, cher maître, avez-vous vu la Sainte Agnès ?

C’étaient Blanche Arnaud et miss Spring, avec des mimiques d’admiration, d’adoration, de ravissement. Le vieux critique avoua qu’il ne l’avait pas encore trouvée. Alors, elles lui firent rebrousser chemin et l’amenèrent à la galerie du pourtour où, de loin, il reconnut la lumineuse sainte. Un couple seulement s’était arrêté devant le tableau, la femme d’une élégance très recherchée, lui, l’air d’un adolescent. En s’approchant, Blanche Arnaud reconnut Nelly Darche et le petit peintre. Alors, tous les cinq, après l’échange de poignées de main, restèrent un moment le visage levé sur la toile, muets, surpris, analysant l’œuvre.

La peinture grasse, riche comme la vie, qu’Houchemagne avait employée dans son exposition de chez Vaugon-Denis, reparaissait ici en pâte plus copieuse, plus profonde. On ne sentait aucun procédé, l’artiste semblait avoir peint sans effort, naturellement, comme Rubens, comme le Titien.

Ce n’étaient pas des mois perdus que ces mois d’Italie où Nicolas, dans une inaction apparente, s’était repu de chefs-d’œuvre. Il était revenu en pleine possession de son métier, avec une « facilité » de génie, une facilité qu’on n’avait connue chez aucun maître depuis Ingres. La petite sainte enfant, aux airs de colombe, était assise, en tunique blanche, et le jeune Romain passionné,