Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/160

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fallut tout l’enthousiasme d’Addeghem, qui vint au-devant de lui avec sa bande, pour le rasséréner un peu. Ils s’assirent tous sur une banquette en face du tableau. Nicolas, dans une amertume indicible, prononça :

— Ah j’avais rêvé autre chose que cela !

— Oh ! monsieur Houchemagne ! fit Blanche Arnaud en lui prenant la main et sans en dire davantage.

Et Addeghem protestait. Non, non, on ne pouvait faire mieux. C’était l’équivalent des plus incontestés chefs-d’œuvre. Il voyait déjà Houchemagne comme le maître du jeune siècle. Quel dommage que lui fût si vieux. Ah ! seulement dix ans de vie, et il serait témoin d’une gloire radieuse.

— Tiens, découvrit tout à coup Nelly Darche, la sainte Agnès ressemble à Marcelle. Et elle prit par le bras la petite fille, trop grande pour ses douze ans, et voulut l’amener devant la toile pour comparer les deux visages. Mais dans un piétinement lent, une dizaine de personnes étaient venues jusque-là et s’étaient arrêtées, séduites. Bientôt il en vint d’autres. Alors Houchemagne avoua :

— Oui, il y a dans la construction du visage un peu de Marcelle. C’est venu tout seul quand j’ai voulu donner à ma figure la marque même de l’enfance.

Tous les yeux se braquèrent sur la petite fille.