lui avait été signifiée par une simple lettre. Fabien était, paraît-il, fiancé depuis longtemps, et il était allé se marier en province avec une jeune fille rencontrée à Paris, chez des cousins.
— Je te l’aurais montrée, sa lettre, ma chérie, si je ne l’avais brûlée dans la première folie de ma peine.
Marcelle dit enfin, dans une inconscience parfaite :
— Il vous reviendra peut-être.
— Ah ! si je l’espérais seulement ! fit Nelly ranimée à cette idée ; je n’en demanderais pas davantage…
À la fin de sa visite, comme elle était déjà sur le seuil de la porte, Marcelle prononça :
— Je suis admise aux Beaux-Arts.
Alors, ce fut un redoublement de pleurs. Comment ! voilà que cette petite devenait un personnage, et cette bonne nouvelle arrivait à un tel moment, quand Nelly ne savait plus en vérité ce qu’elle faisait, ni ce qu’elle disait ? Elle assurait pourtant :
— Que je suis contente ! ma chérie.
Le visage de Marcelle s’illumina. Ainsi chacune d’elles se leurrait pareillement sur la part que prenait l’autre à la vie de son amie.
Une fois dans la rue, la jeune fille se mit à réfléchir profondément sur cet abandon, sur l’inconstance du petit peintre, sur le chagrin de Darche qui, l’exaltant, lui donnait bien moins la