Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/178

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baient en mèches courtes sur les tempes ; elle avait l’impassibilité d’une vierge hollandaise. On aurait dit qu’elle n’était pour rien dans l’ovation de ce soir.

— Il faut faire un punch, déclara Nugues ; il faut lui offrir un punch, à cette gosse.

Pierre Fontœuvre, qui éclatait d’orgueil paternel, plus fier de sa fille, ce soir, qu’il ne l’avait jamais été d’aucune de ses œuvres, accepta l’idée.

— Oui, oui, un punch pour Marcelle.

Mais madame Fontœuvre se rembrunit. Ah ! pourquoi donc un punch ! On était ensemble, on se serrait les coudes dans ce jour de liesse, on était heureux de bien s’aimer tous, mais on n’allait cependant pas faire une noce de rapins parce que la petite était reçue à l’École. À la fin, elle rit, et avoua qu’elle n’avait pas un décilitre de rhum dans la maison, et que ça la gênerait joliment d’en faire prendre aujourd’hui. D’ailleurs, Brigitte était déjà couchée.

— Ah ! ce n’est que cela ! s’écria Nugues.

Il se précipita vers la porte, et comme Jenny Fontœuvre s’efforçait de le retenir :

— Laissez donc, j’ai « livré » cet après-midi ; je suis plein d’or.

Houchemagne, qui s’amusait comme un enfant de cette petite fête, voulut le suivre. Tous deux enfilèrent la rue Bonaparte qui paraissait, dans la nuit, plus étroite, plus tortueuse, avec le silence