Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/185

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C’est plus beau que le succès, ça, Nugues ! Si l’on en venait, ce soir, parmi nous, à peser les valeurs morales, vous seriez dans les gros poids, mon cher.

— Ah ! dit Nugues, avec un sourire de philosophe résigné, la valeur morale, cela compte-t-il auprès d’une belle toile !

— Monsieur Nugues, n’ayez pas de chagrin, dit simplement une voix suave, près de lui.

C’était Jeanne Houchemagne qui venait lui presser les mains affectueusement. Et ce charme, cette douceur, cette bonté, tout ce que la jeune femme avait en elle d’apaisant, opéra sur le pauvre artiste. Il lui sourit, Fontœuvre lui apporta du champagne : c’était fini.

— C’est le baptême de Marcelle, expliqua Blanche Arnaud. Il faut bien qu’elle connaisse les dessous de l’art, et les épines de cette rose mystique.

Une heure plus tard on se dispersa ; pendant que François allait reconduire chez elles Juliette Angeloup et la comtesse Oliviera, Nicolas et Jeanne, serrés l’un contre l’autre, regagnaient leur poétique maison de la rue Visconti. Ils n’y mirent pas cinq minutes. En arrivant, comme la jeune femme ôtait la mantille qu’elle s’était jetée sur les cheveux, elle demanda tendrement à Nicolas :

— Tu ne me dis rien ; à quoi penses-tu ?

— Je pense à ce pauvre Nugues et, vraiment,