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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/186

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auprès de lui je me trouve trop heureux. Je suis comblé. J’ai en toi une femme incomparable qu’après huit années de vie commune je trouve toujours nouvelle, toujours plus belle. Je me sens aimé comme aucun amant ne l’a été. Le travail m’est facile ; j’ai une légèreté d’esprit pour concevoir, une facilité pour exécuter qui me font peur, souvent. Mon triptyque de saint François d’Assise pouvait être mieux, certes ; mais tel qu’il est, je puis bien avouer qu’il est venu tout seul, sans effort, sans douleur. Puis, je sais que mes idées germent. Vaupalier, Seldermeyer lui-même, la plupart des chefs d’atelier aux Beaux-Arts, ne veulent pas avoir l’air de caler, mais je n’ignore pas que je les influence. Brabançon, dans son cours du mardi, à l’hémicycle, en est venu à des tendances nettement idéalistes, et il a en main tous les artistes de l’avenir. Il ne reste plus à mes principes qu’à pénétrer les couches profondes, et il me semble qu’ils s’y infiltrent ; j’ai avec moi une partie de l’Épiscopat français qui cherche à purifier les églises de tant de laideurs qu’elles renferment, et qui voudrait qu’aujourd’hui comme autrefois, l’enfant y trouvât les premières révélations de la Beauté. C’est une des conditions essentielles pour régénérer l’art populaire. Crois-tu que je n’en aie pas une indicible allégresse ? Et je ne redoute pas l’âge, pas l’impuissance, je me sens tout meublé d’idées ; je n’ai rien fait encore en regard de ce qui me reste à faire ; et j’ai des