Aller au contenu

Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

forces de jeunesse qui, me semble-t-il, ne s’épuiseront jamais. Bientôt j’entreprendrai enfin ma Multiplication des pains. Oh ! Jeanne, je bondis d’enthousiasme en y pensant. Je voudrais que ce fut comme une cathédrale, qu’en entrant dans cette scène on reçut le frisson que donnent les grandes églises gothiques. Enfin, j’oserai peindre le Sauveur ! Je crois que maintenant je puis essayer. Toutes les nuits je le vois en rêve ; Dieu me garde d’en faire un bel Arabe comme on a cru qu’il était expédient de le représenter pour n’être pas routinier. Le Sauveur, dont les traits véritables importent peu, a son image, par hérédité traditionnelle, dans le cœur de tous les fidèles. Cette image est immuable, elle est vraie, elle est inviolable ; c’est elle que l’artiste doit reproduire. Je ferai un Christ traditionnel. Un jour viendra où j’en commencerai l’étude, et ce jour-là va bientôt arriver. Je suis trop heureux, vraiment trop heureux !

Jeanne le regardait, radieuse. Le bonheur de son idole se répandait en elle, l’inondait d’un bien-être suprême.