Aller au contenu

Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des portraits de mademoiselle Darche. Elle aurait penché volontiers vers les hardiesses modernes, la peinture à coups de pouce, les modelés qui apparaissent, quand on s’approche, comme une carte géographique en relief. Non, ni Vinci, ni le Titien, ni Rubens, ni Rembrandt, ni les Primitifs, ni les Florentins, ni les Hollandais, ni les Watteau, ni les officiels de l’Empire, ni l’Homme au Gant, ni l’Infante de Velasquez, ni les paysages assombris de Poussin, ni les courtisans à perruque de Largillière, ni la mythologie gourmée du baron Gérard, ne lui plaisaient autant qu’une toile à procédé, une image obtenue au hasard des touches, comme une réussite de coups de pinceau, et qui était un ragoût pour son appétit d’originalité. Mais l’implacable Joconde surgissait dix fois à chaque devanture, comme la Muse de tout cet art ancien, de ces tableaux noircis ; elle regardait Marcelle de ses yeux bridés, tantôt ironiques et tantôt indulgents ; elle semblait dire, avec son air si apaisé, si patient, avec son immortelle sécurité : « Tu y viendras, mon enfant… »

Parfois, l’après-midi, Marcelle allait copier des Antiques dans la grande Galerie. Du toit de verre tombait une clarté intense. C’était une vraie basilique où un peuple héroïque, en sa blancheur de marbre, dessinait des gestes de beauté. Toutes les Vénus, tous les Apollon, tous les Hercule dressaient leurs formes pures entre les colonnes du Parthénon et celles du temple de Jupiter. Ici, une