Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/199

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Un choc mystérieux venait de faire éclater le printemps dans le jardin aride de cette âme. Son sang parcourait tout son être dans une course folle. Elle tremblait des pieds à la tête. Le seul souvenir de celui à qui elle venait d’ouvrir son cœur, son seul nom l’affolait. Et elle se disait, au fond de sa chambre obscure, avec une stupéfaction divine :

— C’est l’amour ! C’est l’amour ! J’aime Nicolas !

Mais elle ne pouvait tenir en place ; maintenant elle allait et venait, se heurtait partout dans l’obscurité de sa chambre, comme un oiseau qui se débat contre les parois de sa cage. Elle suffoquait. Puis, des coups de couteau la transperçait : Nicolas l’aimerait-il ?

Car elle voulait son amour. Il le lui fallait, entier, passionné, fou. Elle voulait être aimée comme Nelly Darche avait aimé Fabien, être regardée comme Nicolas avait regardé cousine Jeanne, un soir, à l’atelier.

Cousine Jeanne ! voilà que soudain cette pensée lui figeait le sang dans les veines. Elle allait donc lui prendre son mari ? Mais le scrupule ne dura pas longtemps. La bête féminine puissante, terrible et inconsciente venait de s’éveiller en Marcelle. Cousine Jeanne ne comptait plus. Le bonheur de Nicolas, c’était elle seule, Marcelle, qui le détenait. Elle arriverait à lui les mains pleines de bonheur ; et elle serait la première disciple d’Houchemagne, sa continua-