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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/20

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par Jenny Fontœuvre-Trousseline à vingt ans. Des faisceaux de toiles accotés contre le mur, montraient la trame et le châssis. Sur un piano long, la série bien connue des Tanagras s’alignait gracieusement. Dans un angle, un moulage des colonnes du Parthénon, lumineuses en leur blancheur de plâtre, donnait à la pièce un air grandiose. Partout ailleurs, c’était la cohue des paravents, des chevalets, des petites tables, des sièges hétéroclites, et, ouatant le tout d’un air de demi-luxe, un tapis persan, tout neuf, s’allongeait sous les pieds, sentant encore l’odeur du bazar oriental. Justement, comme Jenny Fontœuvre entrait, son mari exhibait devant le critique un portrait qu’elle achevait de sa petite Marcelle. Anxieuse, elle épia la physionomie de son juge : Addeghem se reculait, clignait de l’œil, penchait la tête.

À la fin, il laissa tomber ce satisfecit :

— C’est délicat. C’est très délicat.

— C’est ma petite fille, dit Jenny Fontœuvre ; je la crois assez ressemblante.

Et elle appela :

— Marcelle ! viens tout de suite !

Cependant, Addeghem s’attardait à des détails, à de petits conseils. Pour que toute cette chair rose chantât sur le fond orangé, il manquait une tache vive ; oui, par exemple un ruban dans les cheveux. Hé ! pourquoi pas un ruban cerise, hardi, éclatant, révolutionnaire ?