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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/201

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intérieure, cherchait à recueillir partout des miettes de substance spirituelle, des souffles d’inspiration divine. Dès que le jour baissait, il sortait, courait aux vieilles églises, s’enfermait à Saint-Séverin, à Saint-Germain-l’Auxerrois, à Notre-Dame. Jeanne l’avait amené, par sa persuasion, à une foi rudimentaire il priait tout en s’enivrant de la mystique chrétienne ; il priait au bas des nefs gigantesques, au fond des chapelles obscures, au pied des vitraux gothiques. Il était en quête des vieux chemins de croix, des antiques Ecce Homo de pierre, des tableaux enfumés de sacristie, des crucifix anciens, de toutes les représentations possibles du Sauveur. Et il revenait le soir près de Jeanne avec une âme attendrie, lui contant ce qu’il avait rencontré, ressenti, goûté. Jeanne souriait, ne disait rien, reconnaissait parfaitement en Nicolas cet état de transe béatifique de l’artiste en gestation. Il lui était sacré. Parfois il lui faisait relire à haute voix, dans l’Évangile, son texte : « En ce temps-là Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée, qui est le lac de Tibériade, et une grande multitude le suivait parce qu’ils voyaient les miracles qu’il faisait… Jésus donc ayant levé les yeux et vu qu’une très grande multitude était venue à lui, dit à Philippe : « Où achèterons-nous des pains pour que ceux-ci mangent ? » Arrivé là, Nicolas lui faisait signe de s’arrêter ; le silence reprenait ; Jeanne voyait des larmes inonder