Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/202

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le visage de son mari. En d’autres moments, il récitait par cœur des bribes de l’Évangile : « André, frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons. Mais, qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit donc « Faites asseoir ces hommes. » Or, il y avait beaucoup d’herbe dans ce lieu… »

Alors, il fermait les yeux, son tableau lui apparaissait fini, avec un paysage gazonné, sa foule innombrable, les apôtres André, Philippe, le petit garçon, et, au premier plan, Jésus regardant la multitude.

Un matin, Jeanne en revenant de chez sa couturière, lui avait ramené un charmant petit Italien rencontré dans la rue. Il comprit tout de suite et récita en le voyant :

« Il y a ici un enfant qui a cinq pains d’orge… »

Il en avait fait du premier coup la figure définitive de ce petit garçon évangélique. Les apôtres étaient à peu près tous trouvés, seul le Christ restait encore à chercher. Lorsque Jeanne demandait :

— Et bien ! as-tu commencé ?

Nicolas savait qu’il s’agissait de la figure du Sauveur et répondait avec un peu de tristesse :

— Non, pas encore ; j’attends…

Ce soir-là, avant de sortir, il avait confié à Jeanne :

— Maintenant, je suis à la recherche d’un