Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/204

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prononce les paroles évangéliques : « Où achèterons-nous assez de pain pour que ceux-ci mangent ?… » La figure à peine construite en quelques coups de crayon, était déjà hiératique et inspirée, rayonnante de tendresse et de bonté divines. Jeanne s’émerveilla :

— Que sera-ce quand tu le peindras !

Et toute la journée il s’acharna sur ce croquis, le finissant, cherchant des plis pour la robe, la souplesse du geste, plus de tradition dans la physionomie. Il disait à Jeanne :

— Tu comprends, il faut absolument que mont bon Dieu soit selon le cœur des fidèles, faute de quoi je l’aurai fait mensonger…

À cinq heures, le valet de chambre vint le chercher ; mademoiselle Fontœuvre l’attendait en bas. Cette fois, c’était au tour de cousine Jeanne d’être sortie. Marcelle espérait que Nicolas la recevrait enfin dans son atelier. Elle rêvait d’un lieu inaccessible où l’intimité près de lui serait si délicieuse, où elle le connaîtrait vraiment ; mais il descendit et la garda dans le petit parloir de sa femme.

Qu’elle était pâle et tremblante ! Il remarqua cette extraordinaire blancheur de sa peau de blonde qui lui donnait un petit air immatériel…

— Vous voyez, je suis venue, lui dit-elle, oppressée à ne pouvoir parler ; que faut-il faire pour être changée ? Je vous écoute.

Vraiment aujourd’hui il se sentait une grande