Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/212

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La malade avait une fièvre terrible. À peine si elle s’étonna de revoir Jenny Fontœuvre. Celle-ci s’apitoya de la trouver si brûlante, si douloureuse, en cet abandon ; et, bien qu’elle ne fût pas riche à ce moment-là, elle redescendit chez le pharmacien pour des cachets, de l’alcool à frictions. Et elle passa une nuit lamentable, allongée tout habillée sur le petit lit de miss Spring, se levant de temps à autre, à la lueur de la veilleuse, pour lotionner ce pauvre corps en feu, le couvrir de linge frais, l’alléger des couvertures trop pesantes.

Le lendemain, Marcelle ne vit pas sans humeur sa mère revenir les yeux cernés et le teint jauni, avec une nouvelle préoccupation celle de se procurer immédiatement la somme nécessaire aux soins de mademoiselle Arnaud.

— Il faut faire de l’argent tout de suite, disait-elle, ou bien mettre cette pauvre Blanche à l’hôpital.

Enfin l’idée lui vint d’abandonner pour quatre-vingt francs, à un gendre des Dodelaud, qui n’y voulait pas mettre davantage, sa grande corbeille. de chrysanthèmes, son Salon de l’année précédente. Jusqu’ici, ç’avait été son orgueil de refuser un tel marché. Cette toile-là, dont elle était bien contente, cela valait au moins vingt-cinq louis. Pour deux cents francs encore, elle l’aurait laissée aller. Mais quatre-vingts ! Et elle s’était privée d’une robe d’été dont elle avait le