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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/215

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Marcelle nonchalamment s’assit près du lit et, sans écouter ce flux de paroles, observait cette femme mûre dont l’intimité lui dévoilait les derniers charmes. Elle examinait en leur nudité ces bras opulents, cette gorge pleine, et, dans les cheveux embroussaillés, ce visage animé où luisaient de grands yeux bruns, pleins de tendresse. Elle se demandait pourquoi cette Blanche Arnaud avait ainsi vieilli sans amour, et son égoïsme ne put retenir un cri :

— Oh ! c’est triste d’être seule. Moi, j’ai si peur de rester seule aussi !

— Toi, ma chérie, tu te marieras aisément, ta condition est bien différente de la mienne ; tu as tes parents, des relations, tu es fraîche et charmante.

Elle soupira, puis reprit :

— Toutes les femmes n’ont pas le même sort. Et elle était si émue que son attendrissement confinait à l’exaltation. Elle glissa bien vite aux épanchements.

— Ma petite Marcelle, tu n’es plus une enfant et je puis te dire à présent bien des choses. Marcelle, j’aurais pu n’être pas seule…

Ses paupières s’abaissèrent un instant ; sa poitrine se gonfla, et, après un petit silence, elle ajouta :

— On m’a aimée, Marcelle… on m’a aimée beaucoup.

Marcelle la regardait de ses yeux étonnés.